Nightfall fit la moue en relisant le solde de ses comptes. A peine de quoi payer deux ou trois mois de loyer, en se serrant la ceinture, et il savait que fouiller ses tiroirs à la recherche de créditubes non activés ne ferait pas de grande différence.
Depuis quelque jours sa messagerie restait vierge de toute tentative de contact, si l'on omettait les spams habituels.
Nightfall songea un instant à contacter directement des johnson, mais la paye était plus juteuse quand on la laissait venir, et il pouvait encore s'autoriser ce luxe.
L'inaction totale ne ferait cependant pas avancer les choses. Il fallait forcer un peu le destin.
Mettant son commlink en veille, Nightfall se plaça au centre de sa loge et se concentra brièvement pour invoquer une poignée de veilleurs. Il les fit se matérialiser autour de lui sous forme de corbeaux, geste inutile mais qui lui procura de la satisfaction. Le mage leur donna mentalement ses instruction alors qu'ils virevoltaient dans la pièce à l'image de vrais oiseaux, leurs mouvements spectraux laissant cependant imperturbé l'air du plan matériel. Une fois leurs instructions reçues, les esprits disparurent pour se rendre en différents points stratégiques : des bars ou d'autres lieux qu'affectionne le milieu des ombres, là ils tendraient l'oreille et iraient rapporter à leur invocateur les bribes de conversations contenant certains mots clefs.
Les veilleurs n'étaient pas vraiment adaptés pour des tâches de renseignements généraux. Ils rapporteraient beaucoup d'informations inutiles, et laisseraient échapper des conversations dignes d'intérêt, mais avec de la patience et une bonne capacité de synthèse, on pouvait en tirer des pistes et affiner les recherches. Nightfall s'y entrainait régulièrement et commençait à obtenir de meilleurs résultats.
Pendant quelques instants, Nightfall suivit mentalement ses veilleurs pour s'assurer qu'ils se dirigeaient vers les bons lieux, puis il les relégua dans un coin de son esprit d'ici à ce qu'ils reviennent avec leurs trouvailles. Il raluma ensuite son commlink et écrivit aux quelques runners avec qui il estimait avoir posé les premières pières de relations de confiance :
"Bonsoir,
Les ombres sont calmes en ce moment. J'aimerai me dégourdir les jambes. Une course de prévue de votre côté?
N."